• Le spectacle de la mise à mort jusqu'en 1789 :

    • Un trio révolutionnant les idées du XVIIIème siècle.

    __C'est à la fin du XVIIIe siècle que débute réellement le débat sur le droit de l'État de supprimer la vie. Au cœur de ce siècle les avis sur la peine capitale vont se partager. De nombreuses œuvres, vont être écrites, relatant différent point de vue. L’ouvrage publié en 1764 par Cesare Bonesana, marquis de Beccaria alors appelé « Dei Delitti e delle pene » (Des délits et des peines), fut l’un des plus célèbres, ainsi que la toute première argumentation contre la peine de mort qui par, son succès à secoué l’Europe, et déclenchait une réforme des institutions répressives.

     

    Le spectacle de la mise à mort jusqu'en 1789


     __Très hostile à la peine de mort, il pose une démonstration, la première du genre, qui amène l’auteur à qualifier la peine capitale, qui n'est « ni utile, ni nécessaire», d'« assassinat public ». Cet écrit fut d’ailleurs enrichi par des notes de Diderot et, admis par Voltaire comme le « vrai code de l’humanité ». Il va développer une nouvelle logique du droit de punir qui doit être dégagé de toute considération religieuse ou morale, et ne se fonder que sur l’utilité sociale : «  Il me paraît absurde que les lois, qui sont l’expression de la volonté publique, qui détestent et punissent l’homicide, en commettent un elles-mêmes, et que pour éloigner les citoyens de l’assassinat, elles ordonnent un assassinat public ». Pour cet homme les peines doivent être proportionnées au délit, sans cruauté inutile. C’est pour cela que Beccaria va proposer comme substitut à la peine de mort « l’esclavage perpétuel » (c'est-à-dire la peine de travaux forcés à perpétuité). L'impression de durée s'inscrit plus fortement dans les esprits que la peine de mort, « que les hommes voient toujours dans un obscur éloignement ». C'est donc bien une peine continuelle que prône Beccaria, car les « passions violentes » s'effacent avec le temps. Il va donc mettre en doute la légitimité de la peine de mort et va permettre de commencer à faire naitre la pensée abolitionniste.


    Voltaire, Diderot, Beccaria.                      

    Le spectacle de la mise à mort jusqu'en 1789


    __Il convient de noter que Beccaria précise, cependant : « La mort d'un citoyen ne peut être jugée utile que pour deux motifs : d'abord si, quoique privé de sa liberté, il a encore des relations et un pouvoir tels qu'il soit une menace pour la sécurité de la nation, et si son existence peut provoquer une révolution dangereuse pour la forme du gouvernement établi. La mort d'un citoyen devient donc nécessaire quand la nation est en train de recouvrer sa liberté ou de la perdre, dans une époque d'anarchie, quand c'est le désordre qui fait la loi. [...] ». Cette citation démontre bien qu’il condamne tout ce qui s’inspire d’un esprit de vengeance, ce n’est qu’en cas exceptionnel que les pratiques barbares de la peine de mort peuvent être utilisées. Beccaria va donc s’inspiré de la pensée des Lumières et de ses réflexions critiques sur le système judiciaire et pénal pour étendre son influence. C’est à la sortie de son ouvrage que le débat sur la peine capitale va commencer. 

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    ___Même si ses idées vont être partagées par un grand nombre de personnalités, rien n’a pu empêcher les oppositions. Joseph de Maistre, va utiliser la Loi du Talion comme argument, qui considère qu’une personne qui a tué mérite la mort, seule peine équitable. Kant va être aussi du même avis, il va même d’ailleurs critiquer les propos de Beccaria.

    ___On va assister peu à peu à une disparition progressive de la peine de mort, et les crimes susceptibles de l’entrainer vont se faire de plus en plus rares. Le système pénal va désormais être conçu dans le sens de l’éducation et du redressement du coupable avec une légalité des incriminations et des peines, pour finir, ce n’est plus une mort rapide qui attend les condamnés, mais une liberté modulée dans le temps.

     

     

    Nous avons traité dans l'article ci dessous, en lien avec cette partie, l'utilité d'un procès célèbre à savoir : L'Affaire Calas rédigée par Voltaire.

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    Lexique 

    Cesare Bonesana, marquis de BeccariaMarquis de Gualdrasco et Villareggio c'est un juriste, philosophe, économiste et homme de lettres italien rattaché au courant des Lumières. Dans Des délits et des peines, il fonde le droit pénal moderne et va se faire connaitre par son argumentation contre la peine de mort.

    Joseph de Maistre : Comte, à la fois homme politique, philosophe, magistrat, historien et écrivain savoisien, il est contre les idéaux du temps des Lumières.  

    Kant : Philosophe allemand, il est du côté de Joseph de Maistre, défendeur de la Loi Talion.

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